
Le voyage numérique décolle : les voyageurs sont-ils prêts à suivre ?
Que cela nous plaise ou non, l’avenir du voyage sera numérique. La reconnaissance faciale, les passeports électroniques et d’autres technologies sont déjà déployés dans les aéroports, avec la promesse de voyages plus fluides, plus rapides et plus sûrs. Mais, comme pour l’intelligence artificielle, les plus fervents partisans de cette transition sont les entreprises qui conçoivent et mettent en œuvre ces solutions.
Mais qu’en est-il des utilisateurs finaux… les passagers qui devront réellement utiliser cette technologie ? Qu’est-ce que cela implique pour eux, pour leur vie privée et leurs droits ? Qui en bénéficiera, et surtout, les voyageurs sont-ils prêts ? AirAdvisor a récemment mené une enquête auprès de plus de 3 000 personnes aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France pour répondre à ces questions et découvrir ce que les voyageurs pensent vraiment de l’avenir du transport aérien.
Voyage numérique : comment en est-on arrivé là ?
La transformation numérique du voyage a commencé avec l’accès du grand public à Internet, permettant aux voyageurs de planifier leurs trajets en ligne. Mais tout a véritablement changé avec la pandémie de COVID-19, qui a poussé l’industrie aérienne à adopter des technologies sans contact pour freiner la propagation du virus. Depuis, les technologies biométriques se sont envolées.
Des organisations mondiales comme l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA) ont favorisé cette transition numérique avec l’initiative One ID, utilisant l’identification biométrique pour un parcours sans papier. L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a quant à elle développé les Identifiants de Voyage Numériques (DTC) pour stocker et vérifier les données des passeports.
Quels aéroports utilisent déjà des systèmes numériques ?
Les aéroports du monde entier utilisent déjà des systèmes biométriques, comme la technologie de reconnaissance faciale. Pour comprendre la rapidité de cette mise en œuvre, voici quelques exemples d’aéroports qui ont déjà adopté ces technologies.
États-Unis
Aux États-Unis, la TSA utilise la technologie d’authentification des identifiants (CAT-2) dans 84 aéroports, avec 400 autres prévus dans les prochaines années. Le système CAT-2 permet une correspondance faciale en temps réel avec les passeports ou cartes d’identité, ce qui évite aux passagers de devoir présenter leur carte d’embarquement aux points de contrôle de sécurité.
Voici les aéroports américains qui utilisent déjà cette technologie :
- Aéroport international Hartsfield-Jackson d’Atlanta (ATL)
- Aéroport international de Miami (MIA)
- Aéroport international John F. Kennedy de New York (JFK)
- Aéroport international de Los Angeles (LAX)
- Aéroport international d’Orlando (MCO)
- Aéroport international O'Hare de Chicago (ORD)
- Aéroport international de Seattle-Tacoma (SEA)
Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, la technologie de reconnaissance faciale a été installée dans plus de 270 portiques électroniques (e-gates) répartis dans 15 aéroports et gares. Les passagers n’ont plus besoin de présenter leur passeport : il leur suffit simplement de regarder la caméra !
À ce jour, cette technologie a été mise en œuvre dans les aéroports britanniques suivants :
- Aéroport de Londres Heathrow (LHR)
- Aéroport de Londres Gatwick (LGW)
- Aéroport de Manchester (MAN)
- Aéroport de Londres Stansted (STN)
- Aéroport de Londres Luton (LTN)
- Aéroport de Birmingham (BHX)
- Aéroport d’Édimbourg (EDI)
- Aéroport de Glasgow (GLA)
- Aéroport de Bristol (BRS)
- Aéroport international de Newcastle (NCL)
- Aéroport de London City (LCY)
- Aéroport de Cardiff (CWL)
- Aéroport international de Belfast (BFS)
- Aéroport d’Aberdeen (ABZ)
France
Les aéroports en France utilisent le système PARAFE (Passage Automatisé Rapide Aux Frontières Extérieures) pour la reconnaissance faciale dans les principaux aéroports du pays depuis 2018, notamment dans :
- Aéroport de Paris Charles de Gaulle (CDG)
- Aéroport de Paris Orly (ORY)
- Aéroport de Bordeaux-Mérignac (BOD)
- EuroAirport Bâle-Mulhouse-Fribourg (MLH)
- Aéroport de Lyon-Saint Exupéry (LYS)
- Aéroport de Marseille Provence (MRS)
- Aéroport de Nice Côte d'Azur (NCE)
Le saviez-vous ? Vous pouvez obtenir une indemnisation de la part de votre compagnie aérienne si vous partez d’un aéroport situé dans l’UE ou au Royaume-Uni. Vérifiez si votre vol est éligible : il vous suffit d’entrer les détails de votre vol dans notre calculateur d’indemnisation.
Pourquoi la biométrie est une aubaine pour les entreprises technologiques et l’industrie du voyage
Pour les entreprises technologiques, les organismes internationaux de l’aviation, les compagnies aériennes et les aéroports, la transition numérique permet de résoudre certains des problèmes opérationnels les plus persistants. De plus, la numérisation contribue à réduire les coûts et à ouvrir la voie à de nouvelles sources de revenus.
Les compagnies aériennes
Les systèmes biométriques permettent aux compagnies aériennes de traiter les passagers plus rapidement tout en économisant sur les coûts de main-d'œuvre. Par ailleurs, les systèmes d’identification numérique offrent une meilleure compréhension des habitudes et préférences des clients, ce qui se traduit par des offres personnalisées (comme des surclassements ou avantages) et de nouvelles opportunités commerciales. Il peut également aider les passagers à gérer les retards et les annulations.
Les aéroports
Avec l’augmentation constante du trafic aérien, les aéroports cherchent des moyens de gérer la congestion croissante. Les systèmes d’identité numérique offrent une solution plus efficace pour gérer le volume de passagers. Les portes d’embarquement biométriques en libre-service représentent également une méthode plus rapide et moins coûteuse pour traiter les voyageurs lors de l’enregistrement, des contrôles de sécurité, de l’embarquement et des formalités douanières.
Les entreprises technologiques
Les entreprises technologiques qui développent ces systèmes, et qui, dans de nombreux cas, détiennent des contrats à long terme avec les aéroports pour leur maintenance, sont celles qui profitent le plus de cette transition. Pour des sociétés comme NEC et SITA, le passage au voyage numérique représente des bénéfices importants. En effet, ce marché est estimé à 50 milliards de dollars d’ici 2035.
Avantages pour les voyageurs
Les systèmes d'identité numérique promettent de rendre l'expérience à l'aéroport plus rapide et plus pratique pour les passagers. La reconnaissance faciale, en particulier, peut considérablement accélérer les étapes préalables au vol, comme l'enregistrement et l'embarquement, fini le stress de chercher son passeport au fond du sac.
Le voyage sans contact, bien que moins crucial qu’au plus fort de la pandémie, reste pertinent et peut améliorer l’expérience globale à l’aéroport, notamment aux points de contrôle de sécurité. Par exemple, à l'aéroport Hartsfield-Jackson d'Atlanta, Delta utilise une file de contrôle biométrique plus rapide que les files TSA PreCheck ou CLEAR.
Plus de personnalisation : avec une identité numérique, les passagers peuvent recevoir des mises à jour et des notifications en temps réel sur leur vol. La plupart des voyageurs y sont déjà habitués grâce aux applications des compagnies aériennes.
Meilleure sécurité : Les données biométriques sont plus difficiles à falsifier que les documents imprimés, ce qui renforce la sécurité. Elles réduisent également les risques d'usurpation d'identité.
Moins d’erreurs : Les confusions dues à des noms mal orthographiés sur les billets ou les pièces d’identité peuvent être mieux gérées, voire évitées, grâce à l’identité numérique. De plus, avec les déposes bagages biométriques, les bagages sont automatiquement associés au bon passager, ce qui améliore la gestion des bagages et r De plus, avec les bornes de dépôt de bagages biométriques, vos bagages seront automatiquement associés à vous, ce qui peut réduire les risques de mauvaise gestion des bagages.
Tous ces avantages sont considérables à condition que les systèmes soient sécurisés et que les passagers soient informés de manière claire et transparente sur la gestion de leurs données personnelles.
Les risques du voyage entièrement numérique
Les problèmes de confidentialité constituent probablement la principale inquiétude liée aux technologies biométriques, mais la sécurité des données et le risque de discrimination représentent également des menaces importantes pour les voyageurs.
Préoccupations en matière de vie privée : La technologie de reconnaissance faciale collecte vos données personnelles, et pas seulement une image de votre visage. En d’autres termes, elle peut être utilisée pour suivre vos habitudes de voyage et d’autres informations sans votre consentement. De plus, il existe peu de transparence quant à la manière dont ces données seront utilisées par les différentes agences, ce qui suscite naturellement des inquiétudes.
Risque de profilage et de discrimination : La reconnaissance faciale peut poser des problèmes pour certains groupes ethniques, car elle peut entraîner un traitement injuste, des biais ou un ciblage excessif dans les aéroports.
Sécurité des données : Dès lors que des données personnelles sont collectées et stockées, il existe un risque d’accès par des cybercriminels. Les informations collectées dans les aéroports sont particulièrement attractives pour les pirates informatiques, car elles sont stockées dans des bases de données centralisées.
Les voyageurs sont-ils conscients du virage numérique ?
Les compagnies aériennes, les aéroports et les entreprises technologiques sont plus qu’enthousiastes à propos du voyage numérique, et dressent un tableau très positif, laissant entendre que le grand public partage cet engouement. Par exemple, SITA affirme sur son site : « Face à un trafic en plein essor, les passagers se tournent vers la numérisation pour améliorer leur expérience de voyage », mais est-ce vraiment le cas ? Nos résultats d’enquête montrent que les passagers restent en réalité largement peu informés de ces changements.
Aux États-Unis
Bien que plusieurs aéroports américains aient déjà commencé à utiliser des systèmes d’embarquement biométriques et numériques. 53 % des Américains interrogés ignoraient que les cartes d’embarquement papier et les systèmes classiques de check-in allaient être remplacés par des versions numériques. 25 % ne savaient pas que le Real ID entrerait en vigueur en mai 2025.
Écarts selon l'âge : Chez les répondants âgés de 69 ans et plus, 62 % ont déclaré ne pas être au courant de ces changements. Les voyageurs âgés de 18 à 42 ans étaient mieux informés et plus enthousiastes à l’égard du voyage numérique.
Différences régionales : En Géorgie, où se trouve l’aéroport le plus fréquenté au monde (Atlanta Hartsfield-Jackson), 71 % des répondants connaissaient les changements. Dans l’État voisin, Caroline du Sud, seulement 12 % en avaient entendu parler.
Au Royaume-Uni
Lorsqu'on leur a demandé si les aéroports remplaçaient les cartes d’embarquement papier par des identifiants numériques, 49 % des répondants ont déclaré être au courant de cette évolution potentielle. Les adultes plus âgés (59 ans et plus) étaient moins informés (42 %) que les jeunes adultes (18–42 ans), dont 59 % étaient au courant.
En France
La France affiche le plus faible taux de sensibilisation. Seulement 33 % des personnes interrogées savaient que des changements numériques étaient prévus. Parmi les personnes âgées de 69 ans et plus, seulement 29 % étaient informées, contre 37 % chez les adultes de 27 à 42 ans.
Confiance, vie privée et protection des données
L’enquête révèle que la confiance dans la reconnaissance faciale demeure faible dans les trois pays étudiés.
« La transition vers un voyage aérien numérique s’accélère, mais notre recherche montre que la confiance du public ne suit pas le même rythme, » déclare Anton Radchenko, fondateur et PDG d’AirAdvisor.
États-Unis
Seulement 25 % des Américains ont déclaré faire entièrement confiance à la technologie, tandis que 41 % lui accordent une confiance conditionnelle, et 33 % expriment de l’inconfort ou une méfiance totale.
La vie privée et la fiabilité sont les principales préoccupations : 61 % des répondants s’inquiètent de la manière dont leurs données biométriques pourraient être stockées ou utilisées, et 63 % redoutent des bugs ou des défaillances du système.
Ces inquiétudes s’étendent également aux passeports numériques, 43 % des voyageurs déclarent qu’ils envisageraient de téléverser leur passeport si le système est sécurisé et approuvé par le gouvernement, tandis que 28 % rejettent totalement cette idée. Par ailleurs, 91 % des Américains souhaitent conserver l’accès à une carte d’embarquement imprimée, que ce soit en permanence ou en solution de secours.
Attitudes au Royaume-Uni
La confiance dans la technologie de reconnaissance faciale parmi les voyageurs britanniques reste modérée :
- 31 % déclarent lui faire entièrement confiance,
un chiffre légèrement supérieur à celui des États-Unis (25 %). - 48 % disent lui faire confiance « en grande partie, mais avec des réserves »,
- tandis que 20 % expriment de l’inconfort ou une méfiance ouverte.
Principales préoccupations :
- 72 % des voyageurs redoutent des pannes techniques ou des défaillances du système,
- 57 % s’inquiètent de la protection des données personnelles,
- 52 % estiment que le système pourrait être inaccessible aux personnes ne possédant pas de smartphone.
L'idée de numériser les documents de voyage officiels suscite également de la prudence : 47 % des répondants britanniques se disent favorables à stocker leur passeport dans une application d’identité numérique sur smartphone, mais uniquement si le système est sécurisé et officiellement approuvé par le gouvernement.
Confiance et âge : un fossé marqué
- Chez les 18–26 ans, 95 % déclarent faire confiance à la technologie (pleinement ou avec réserves).
- Chez les 69 ans et plus, ce chiffre chute à 58 %.
Préoccupations concernant les données personnelles :
74 % des plus de 69 ans se disent inquiets de la façon dont leurs informations seraient utilisées, contre 65 % chez les jeunes adultes de 18 à 26 ans.
Un écart générationnel similaire apparaît concernant la numérisation des documents sensibles Seuls 6 % des jeunes adultes sont inconfortables avec l’idée de stocker leur passeport sur un smartphone, contre 41 % chez les personnes âgées.
En France
Malgré une prise de conscience croissante du virage vers un voyage plus numérisé, les résultats montrent une adhésion limitée de la part des répondants français :
- 23 % se disent enthousiastes à l’idée d’un voyage entièrement numérique,
- 26 % sont préoccupés,
- et 7 % y sont fermement opposés.
Un fossé générationnel frappant
Parmi les 69 ans et plus, 33 % se disent préoccupés et 12 % sont fermement opposés. En comparaison, 75 % des 18–26 ans se décrivent comme optimistes ou enthousiastes. Ce manque d’information et de communication semble freiner l’acceptation plus large d’une transformation déjà en cours dans plusieurs aéroports français.
Protection des données : une préoccupation centrale
La technologie de reconnaissance faciale suscite une méfiance généralisée. Seulement 24 % des répondants français déclarent lui faire entièrement confiance.
72 % expriment une inquiétude marquée concernant le stockage et l’usage de leurs données biométriques. Près de la moitié (48 %) accepteraient de téléverser leur passeport dans une application d’identité numérique, mais uniquement si celle-ci est sécurisée et approuvée par le gouvernement.
Outre les questions de vie privée, d’autres préoccupations ressortent, 63 % craignent des pannes techniques, et 45 % évoquent un manque d’accessibilité pour les personnes sans smartphone.
Le saviez-vous ? En tant que passager, vous avez certains droits qui vous protègent en cas de retard ou d’annulation de vol. Si vous voyagez en Europe ou au Royaume-Uni, vous êtes protégé par les règlements EU261 et UK261.
Cartes d’embarquement imprimées & coût du passage au numérique
Dans les trois pays étudiés, la majorité des passagers déclarent qu’ils souhaitent conserver la possibilité d’imprimer une carte d’embarquement.
89 % des répondants français souhaitent conserver cette option, contre 87 % au Royaume-Uni et 91 % aux États-Unis, ce qui montre à quel point il est important pour les voyageurs d’avoir une solution de secours.
Et en ce qui concerne les implications financières, la majorité des participants à l’enquête n’étaient pas convaincus que ces nouvelles évolutions leur feraient économiser de l’argent.
- Au Royaume-Uni, 10 % pensaient que l’identité numérique permettrait de réduire les coûts, 33 % s’attendaient à des frais cachés, et 57 % estimaient qu’il n’y aurait aucun changement.
- Aux États-Unis, 6 % s’attendaient à faire des économies, tandis que 39 % craignaient une augmentation des dépenses.
- En France, 32 % se disaient préoccupés par une hausse des coûts liée au voyage numérique.
Que cela suggère-t-il ? Le fondateur et PDG d’AirAdvisor, Anton Radchenko, l’exprime parfaitement :
« Les voyageurs ne rejettent pas l’innovation, ils demandent un équilibre. Ils souhaitent bénéficier de la rapidité et de la commodité que peuvent offrir la reconnaissance faciale et les identités numériques, mais seulement si cela s’accompagne de protections claires en matière de vie privée, de performances fiables, et de la liberté de refuser ces systèmes. Ce que nous observons aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France, c’est une demande commune de transparence, de responsabilité et de libre arbitre. Si ces systèmes numériques sont déployés sans ces garanties, nous risquons de renforcer la résistance du public au lieu de construire la confiance dans l’avenir du voyage. »
En résumé :
Nous avançons à grande vitesse vers un voyage entièrement numérique, où les systèmes biométriques deviennent la norme dans les aéroports du monde entier. Pourtant, de nombreux passagers expriment, à juste titre, des inquiétudes concernant leur vie privée, ainsi que des questions liées à l’équité et au contrôle de leurs données personnelles.
Les résultats de notre enquête montrent que, malgré une curiosité généralisée, une certaine réticence persiste, notamment chez les personnes plus âgées.
Pour que tous les voyageurs adhèrent pleinement à ces changements, les compagnies aériennes, les aéroports et les gouvernements devront miser davantage sur la confiance et la transparence, et pas uniquement sur l’efficacité ou le potentiel de rentabilité.
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